L’aéroport neutre en carbone existe ?
FAUX
Les annonces n’ont cessé de se multiplier ; de nombreuses entreprises se sont engagées à devenir neutre en carbone et les aéroports se sont aussi engouffrés dans cette tendance. Une promesse séduisante mais en y regardant de plus près, on comprend qu’il s’agit avant tout d’un joli écran de fumée.
Qu’est ce que la neutralité carbone ?
C’est “le fait de séquestrer autant de carbone que l’on en émet, de manière à stabiliser son niveau de concentration dans l’atmosphère et ainsi limiter l’augmentation de la température globale de la planète. Pour atteindre cet objectif de neutralité mondiale, cela suppose d’une part, de réduire drastiquement les émissions, qu’elles soient d’origine fossile ou issues de matière vivante, et d’autre part, d’augmenter les puits permettant la séquestration du carbone.”
La neutralité carbone s’appuie donc sur une double action de réduction des émissions et d’augmentation de puits de carbone. Seulement dans les faits, une entreprise peut se qualifier comme neutre en se basant sur la compensation carbone. Il s’agit en quelque sorte d’un droit à polluer ; elles peuvent émettre autant de carbone qu’elles peuvent en absorber.
Une méthode qui n’incite pas forcément à prendre des mesures en vue de réduire les émissions. Des interrogations subsistent également sur cette compensation car si on en croit une étude menée par le Oko-Institut, sur 5 655 projets engagés sur la neutralité carbone, on estime que 85% d’entre eux avaient une “faible probabilité d’assurer les réductions d’émissions promises”.
Il faut ajouter à cela le fait que la neutralité carbone se mesure à travers différents périmètres appelés plus communément des scopes. De manière simplifiée, nous avons ainsi :
- Scope 1 : les émissions directes
- Scope 2 : les émissions indirectes liées aux consommations énergétiques
- Scope 3 : les autres émissions indirectes
Les émissions de carbone varient donc fortement selon le scope considéré. Pour le cas des aéroports, leur engagement pour la neutralité carbone ne vaut que pour les émissions produites dans le cadre des opérations d’exploitation aéroportuaire, côté piste et côté terminal c’est-à-dire le scope 2. Ne sont donc pas comptabilisées les émissions les plus importantes et polluantes à savoir celles des avions qui atterrissent et décollent de ces aéroports !
Chaque entreprise peut donc sélectionner ses propres critères afin de pouvoir se déclarer neutre en carbone. Cette qualification relève dans la plupart des cas bien plus d’une opération de communication qu’on pourrait assimiler à du greenwashing que d’un véritable effort écologique.
L’ADEME (Agence de la transition écologique) a d’ailleurs réagi face à toutes ces annonces : Individuellement ou à leur échelle, les acteurs économiques, collectivités et citoyens qui s’engagent pour la neutralité carbone, ne sont, ni ne peuvent devenir, ou se revendiquer, « neutres en carbone ». En revanche, ils peuvent valoriser leur « engagement vers la neutralité carbone en 2050 » qui contribue à cet objectif mondial.
Pour en savoir plus :
Ping : Opération greenwashing à l'aéroport Nice Côte d’Azur - DRAPO